Paiement d’un prix juste

Prix ​​fixé par accord mutuel, rémunération socialement acceptable dans le contexte local.

Ce mois-ci, nous mettons en lumière le quatrième principe du commerce équitable : le « Paiement d’un prix juste ». Ce principe garantit une rémunération juste pour les producteurs, négociée de manière transparente et acceptée par toutes les parties.
Il vise à assurer un salaire de subsistance local, permettant aux travailleurs et à leur famille de vivre dignement. Ce principe repose sur trois piliers :

Prix équitable : fixé en concertation entre acheteur et vendeur, incluant un bénéfice juste pour chacun.

Salaire équitable : négocié librement, au minimum égal au salaire de subsistance

Salaire de vie local : couvrant les besoins essentiels (logement, nourriture, santé, éducation…), pour une semaine de travail normale.

Ce principe prend également en compte l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes pour un même travail.
Chez Solidar’Monde, nous mettons en œuvre ce principe en garantissant aux producteurs un prix équitable qui couvre leurs coûts de production, le coût du transport et leur marge pour leur assurer un salaire décent. Ce prix est négocié librement et de manière transparente avec nos producteurs et partenaires commerciaux, assurant ainsi une rémunération juste. Nous veillons également à ce que nos prix de vente permettent de soutenir la pérennité de l’ensemble de la chaine.

Les systèmes de garantis pour un prix juste

Nous travaillons avec deux principaux systèmes de certification de commerce équitable : Fairtrade/Flocert et WFTO. Nous travaillons également avec quelques organisations de producteurs certifiées selon d’autres standards de commerce équitable reconnus par WFTO tels que Fair for Life et SPP.

  • La certification WFTO reposent sur une approche flexible, où la coopérative de producteurs effectue une étude des coûts de production pour déterminer un prix minimum, qui est ensuite négocié avec Solidar’Monde en fonction des réalités du marché. Une prime de commerce équitable, généralement comprise entre 10% et 15%, est également convenue entre la coopérative et l’acheteur.
  • La certification Fairtrade/Flocert repose sur l’établissement de standards stricts, notamment des prix minimums garantis par produit et par pays, définis à partir des coûts de production des producteurs. À ces prix s’ajoute une prime de commerce équitable, généralement comprise entre 10% et 15%, destinée à financer des projets collectifs au sein des communautés. Les produits dont les prix sont soumis aux fluctuations du marché international (notamment le café et le cacao) sont généralement achetés via ce système de certification.

Des audits annuels sont réalisés auprès des coopératives et de opérateurs de l’ensemble de la chaîne par les organismes de certifications pour vérifier la conformité aux critères des certifications.

Exemples d’utilisation de la prime du commerce équitable : Grâce à la prime du commerce équitable, la coopérative ANAPQUI a mis en place plusieurs projets majeurs, à la fois environnementaux et sociaux.
Elle a développé une culture agroécologique du quinoa : irrigation goutte à goutte, haies vives pour lutter contre l’érosion, rotation des cultures, réinsertion des troupeaux de lamas (63 000 lamas et 20 000 moutons) pour fertiliser naturellement les sols, et construction d’une usine de bio-engrais à partir de déchets organiques.
La coopérative améliore les conditions de vie des travailleurs (salaire supérieur au minimum légal, treizième mois, couverture sociale élargie) et a financé des réservoirs d’eau pour alléger la charge de travail des femmes, notamment en facilitant l’accès à l’eau pour les animaux.

Transparence dans la négociation des prix

La transparence dans les négociations de prix est un principe fondamental qui guide l’ensemble de nos relations commerciales. Que ce soit avec nos fournisseurs ou nos clients, nous veillons à entretenir un dialogue ouvert et équitable.

Les négociations de prix avec les fournisseurs se déroulent par téléphone ou visioconférence, puis font l’objet d’une revalidation écrite (par e-mail ou via des messages WhatsApp). Une fois les conditions tarifaires validées, celles-ci sont reprises dans le contrat, notamment pour les achats directs auprès des producteurs.

Pour s’assurer que les producteurs comprennent bien le processus de négociation, les conditions de paiements et les critères de fixation des prix, plusieurs actions sont mises en place. Cela inclut des formations et de la sensibilisation via les certifications de commerce équitable (comme WFTO et Fairtrade), ainsi qu’un accompagnement par des facilitateurs ou des ONG.

Les informations concernant les prix, les coûts de production sont partagées ouvertement entre les parties, et les données de marché sont disponibles en ligne (par exemple, le cours de la bourse pour le café).

Les producteurs participent activement aux discussions sur les prix, avec des rencontres régulières et un dialogue continu, notamment lors des déplacements auprès des coopératives. Les organismes certificateurs garantissent également le respect de ces critères lors des audits annuels.

Fixation des prix et engagement envers les producteurs

Pour les produits que nous achetons directement aux organisations de producteurs, le prix payé inclut les coûts de production, la rémunération des producteurs, les salaires éventuels des employés, les frais de fonctionnement (comme le matériel, les locaux ou l’emballage), ainsi qu’une marge destinée à permettre à l’organisation de se développer. Ce prix de base est complété par d’autres éléments pour aboutir à un coût de revient global : on y ajoute la prime commerce équitable, les frais de transport (maritime, terrestre, dédouanement, transitaire), les frais d’analyses, les frais de conditionnement ou de fabrication en Europe si applicable (comme pour le café, le chia ou le sésame), ainsi que les frais de stockage.

Sur base du calcul du prix de revient, le service commercial détermine par la suite le prix de vente en ajoutant les frais de structure, les frais administratifs, les charges de personnel, les coûts logistiques liés à la vente, les frais bancaires, et applique ensuite un coefficient et une marge nette.

Par exemple, dans le cas du thé noir Darjeeling de TPI (document réalisé par la Fédération Artisans du Monde) vendu 6,10 € TTC, le prix de la matière première payée à la coopérative représente 2,30 €, la prime équitable 0,10 €, et les coûts de transport international 0,23 €. À cela s’ajoutent les marges brutes de Solidar’Monde (1,83 €) et des associations Artisans du Monde (1,42 €), et enfin la TVA (0,34 €).

Le diagramme suivant présente un exemple de structure de coûts d’un produit alimentaire, afin de rendre visible la répartition des charges tout au long de la chaîne de valeur.

Nous nous appuyons sur les barèmes Fairtrade pour garantir un prix d’achat équitable aux producteurs. Par exemple, le tableau ci-dessus (tiré du site Fairtrade) présente les prix minimums garantis ainsi que le montant de la prime pour la filière quinoa.

Juliette Deniau
Assistante commerciale
Réseau Artisans du Monde

Yohan David
Directeur des ventes
Réseau Artisans du Monde