« Agissons pour un chocolat équitable dans nos communes »

Les conditions de production du cacao laissent souvent un goût amer.

À l’approche des fêtes de Pâques, le mouvement Artisans du Monde, qui milite depuis près de 50 ans pour un monde plus juste et durable grâce au commerce équitable, lance sa nouvelle campagne et met à l’honneur, à partir du 1er avril, la nécessité d’un commerce plus équitable dans la filière cacao.

Du chocolat au goût d’inégalités et de destruction de l’environnement.

En France, ce sont 15 000 tonnes de chocolat qui sont vendues chaque année à Pâques, une consommation en constante hausse.

Pourtant, le marché mondial du cacao reflète des dysfonctionnements économiques et sociaux toujours plus importants, avec des effets dévastateurs pour l’environnement.

Le commerce mondial du cacao est caractérisé par de fortes inégalités, où les pays producteurs (principalement africains) ne reçoivent qu’une faible part des revenus, tandis que les multinationales du chocolat en captent la majorité.

Cette situation engendre des conséquences sociales et environnementales désastreuses, notamment la pauvreté des producteurs, manque d’accès aux infrastructures de base, insécurité alimentaire, exploitation du travail des enfants. Il existe même des réseaux de trafic humains d’enfants dans les plantations de cacao, y compris depuis les pays voisins.

Conséquence environnementale également, par la déforestation massive pour la culture du cacao, contribuant aux émissions de gaz à effet de serre et à la perte de biodiversité. Ainsi la Côte d’Ivoire a perdu une grande partie de son couvert forestier à cause de la culture du cacao.
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De plus, la production conventionnelle de cacao entraîne la pollution des sources d’eau et utilisation de produits chimiques dangereux. La monoculture intensive conduit à la baisse de fertilité des sols et à la diminution des récoltes, exacerbée par les événements climatiques.

La culture du cacao subit aujourd’hui les conséquences de décennies de modes de production intensifs et de précarisation des producteurs. En raison de la diminution de l’offre et des problèmes de durabilité de la filière, les prix du cacao n’ont jamais été aussi élevés sur les marchés en bourse : 12 000 dollars la tonne en avril 2024 (alors qu’ils oscillaient depuis 7 ans autour de 2 300 dollars la tonne).

Face à une production conventionnelle néfaste, Artisans du Monde met en lumière les effets concrets et visibles du commerce équitable sur la production de cacao.

Une alternative durable existe à travers le commerce équitable, qui garantit une rémunération juste aux producteurs, favorise le développement local et encourage des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.

Par exemple, l’agroforesterie associe différentes espèces d’arbres et de végétaux pour créer un écosystème favorable, anticiper les impacts du changement climatique et améliorer la qualité du cacao. Cette technique permet d’améliorer la fertilité des sols, la biodiversité et la résilience face aux changements climatiques.

Un exemple d’agroforesterie en Éthiopie (culture du café)

La responsabilité de rendre le commerce du cacao plus équitable ne repose pas uniquement sur les consommateurs. Les achats publics durables et équitables ( en particulier la restauration collective ) sont un levier essentiel pour soutenir ces filières et construire un avenir plus juste et durable pour le cacao.

C’est dans nos territoires, à l’échelle collective, que nous avons un réel pouvoir d’action aux effets démultiplicateurs, pour que le chocolat reste un plaisir, au goût de justice et de solidarité.

Alexander Gyan Ansah, producteur de cacao au Ghana dans l’organisation Fairafric, partenaire d’Artisans du Monde. ©Solidar’Monde